Être homme, marcher

par Françoise Bonardel
Rien ne semble plus naturel au bipède humain que de marcher, et les premiers pas d’un tout jeune enfant sont perçus comme une seconde venue au monde, qu’il va désormais pouvoir découvrir et arpenter. L’anthropologie moderne ne fait sur ce point que confirmer ce qu’enseigne depuis plus de deux millénaires le bouddhisme  : que la marche est l’une des quatre «  postures originelles  » – se tenir debout,...
Voir sur le site du CAIRN :
https://www.cairn.info/revue-chimeres-2018-1-page-84.htm
Publié dans le numéro

Chimères n°93 - Marcher contre le marché

Les marches d’aujourd’hui peuvent être marche d’union, marche de liberté, marche des fiertés, marche silencieuse, marche blanche. Ces « marches » sont-elles autant de formes dépolitisées des manifestations d’autrefois ? Est-ce la même énergie qui met les foules séculières en mouvement que celle qui attirait les pèlerins ? La marche n’a-t-elle pas été saisie par le discours médiatique comme la plus normale des activités, à laquelle il suffit juste de trouver une motivation, la véritable étant la santé ? Les marches qui se multiplient ont une grande diversité de significations. Elles marquent souvent un désir de ralentissement du corps par rapport au fonctionnement quotidien. Elles présentent de nouvelles propositions pour prendre plaisir à être ensemble. Devant la résurgence sécularisée et dépolitisée de cette pratique on peut se questionner : qui marche ? Qui marche pour qui ? Comment marche-t-on ? Pour quelles raisons ? Il s’agira d’évaluer la puissance et les limites de ces marches. Faut-il réinventer nos façons de marcher ? Qu’ont à nous apprendre le marcheur, le promeneur, le flâneur ou celui qui déambule, vadrouille, erre ou vagabonde ? Où nous entraînent les marches collectives ?