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Chimères n°103 - Territoires et plurivers

Ces dernières années ont vu invalidée l’hypothèse de la « fin de l’Histoire » chère à Fukushima – le triomphe d’un présent perpétuel, l’éternel et indépassable horizon néolibéral d’un monde unidimensionnel, « empire » sans bords ni failles ni dehors. Malgré les défaites toujours possibles, les difficultés et les dangers bien réels, nous sommes peut-être en train de sortir de la longue et sombre période que Félix Guattari a appelée « les années d’hiver » et dans laquelle nous vivons depuis le début des années 1980. C’est dans ce nouveau contexte d’une mondialisation au bord de la crise de nerfs qu’émergent de nouveaux espaces de liberté, de création, de résistances et d’affirmations, des formes multiples de micro-politique qui aspirent à une mondialité de la créolisation, du vivant, des biodiversités et des écosystèmes démocratiques, contre l’axiomatique mortifère du CMI (Capitalisme mondial intégré), Capitalocène ou Thanatocène. De nouveaux territoires, de nouveaux mondes hétérotopiques s’inventent, faisant appel à une nouvelle terre, un nouveau peuple. Ce numéro de Chimères se propose ainsi d’explorer les liens entre de nouvelles productions de subjectivité et de nouvelles formes de territorialisations, dans leurs dimensions psychiques, sociales, politiques, éthiques et esthétiques et dans leur pluralité qui esquisse désormais les contours d’un plurivers vivant.